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À l'ombre d'un rôle : Chap 7 - Jeu de dupe

Dernière mise à jour : 15 mai

Je lui raconte quelques bobards sur la boite hypothétique pour laquelle je bosse, et surtout sur les déboires de mon employeur, qui cherche à… disparaître.

Et, à ce mot, l’écoute de mon interlocuteur se fait plus distraite, se grattant le nez, comme gêné. Je me doutais de sa réaction. Je conclus :

— On m’a conseillé à vous. Vous savez faire renaître les morts.

Il a les yeux ébahis. La phrase le choque. Il cherche à reprendre la main, mais j’enfonce le clou :

— Vous avez un client qui a fait appel à ce service après vente, si j’ose dire. Nouveaux papiers. Nouvelle identité. Nouvelle vie. Et, qui en est très satisfait, et m’a recommandé vers vous.

— Désolé, mais… Je ne vois pas de qui vous parlez.

— Mais si, voyons ! Elle fait la une en ce moment, pour les élections en cours. On va l’appeler Laure, pour garder son anonymat.

Son visage se durcit. Il connaît le dossier. Je m’amuse comme un petit fou.

— C’est un client… Enfin une cliente à mon père, finit-il par avouer.

Je rectifie.

— C’est une cliente de la compagnie.

Il bafouille.

— Euh… oui… bien sûr…

Et, je ne lui laisse pas le temps de respirer.

— J’aimerais consulter son dossier.

Il se lève d’un coup, prit au dépourvu.

— Je vous demande pardon ?

— Comprenez-bien une chose. Mon employeur pèse plusieurs zéros.

D'une certaine façon, je lui dis la vérité ; mon histoire n’existant pas, elle pèse effectivement plusieurs 0. Au final, le résultat reste nul.

Je continue :

— Il ne va pas financer une nouvelle vie sans un minimum de garanti. Il veut savoir dans quoi il s’engage.

Ce fils à papa fait les cents pas dans le bureau, troublé par ma demande soudaine, mais logique dans un certain sens si on la prend exclusivement par l’appât du gain.

— Je dois en parler à mon père, souffle-t-il, plus à lui-même qu’à moi.

Je hausse les épaules.

— Vous êtes son bras droit. Il a donc toute votre confiance. Il serait dommage de perdre un futur marché, par un manque de confiance.

Il s’arrête de marcher, puis réfléchi un instant. Je pianote des doigts, sur la table basse, l’air enchanté et rythmique du vol du bourdon de Rachmaninov, puis, pour mieux l’aider à réfléchir plus vite, je sors mon téléphone portable de ma veste.




— Vous décidez quoi ? Vous aidez mon patron à disparaître lui aussi, ou je l’appelle, et on fait appel à la concurrence ? Vous êtes peu sur le marché, mais comme c’est sur recommandation, par politesse, on a commencé par vous…

Il cède à la pression.

C’était facile. Trop peut-être… ou il n’est pas prêt pas de reprendre l’affaire de son père. Comme je le dis souvent, un roquet de la finance, ça se tient en laisse par l’appel du billet de banque.

Fin du chapitre.

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